Cycle JEUNES RÉALISATRICES – Et pourtant, elles tournent ! Focus sur « Portrait de la jeune fille en feu »

Par Ingrid, le 9 octobre 2019

au cinéma Apollo Ciné 8 de Rochefort

« portrait de la jeune fille en feu » du 9 au 15 octobre / 13 séances

Drame français de Céline Sciamma (2h02) avec Adèle Haenel, Noémie Merlant, Valéria Golino

 

 Synopsis : 1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.

 

Bande annonce : https://youtu.be/NGArtOaOu0o

Me.9 Je.10 Ve.11 Sa.12 Di.13 Lu.14 Ma.15
15h20 15h20 15h20 16h50 10h50 15h20 15h20
20h00 20h00 17h30 20h00 20h00
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C’est le quatrième long-métrage de Céline Sciamma, après « Naissance des pieuvres » en 2007, « Tomboy » en 2011, et « Bande de Filles » en 2014. Elle est aussi la scénariste de films, comme « Ma vie de Courgette » en 2015, et « Quand on a 17 ans » en 2016.
Prix du Scénario au festival de Cannes 2019

La critique de àVoiràLire :

L’avis de àVoiràLire :
Est-ce le talent de Céline Sciamma qui permet de sublimer Adèle Haenel, ou au contraire la beauté de l’actrice qui inspire la réalisatrice ? C’est précisément la question qui est posée à travers la relation entre une peintre et son modèle. Et le résultat est stupéfiant.
Le cinéma français a une sacrée dette envers Céline Sciamma : celle de nous avoir fait découvrir le charme et le talent d’Adèle Haenel, en 2007, au moment de la sortie très remarquée de La Naissance des Pieuvres. Depuis, l’actrice a tourné avec les réalisateurs les plus en vue du pays, à tel point que cette année, elle débarque à Cannes avec pas moins de trois films à défendre. Celui des trois qui concourt pour la Palme d’Or marque d’ailleurs les retrouvailles entre les deux femmes. Dans un film d’époque, ce Portrait de la Jeune Fille en Feu imagine le rapprochement entre une peintre et son modèle, et l’inévitable tension érotique qui va naître entre elles. Or, si l’homosexualité féminine est un sujet récurrent dans la filmographie de Sciamma, c’est la première qu’elle l’aborde par le prisme historique. Toutefois, en plaçant leur rencontre en 1770, il ne s’agit pas de profiter du contexte politique houleux qui précédait la Révolution française, mais bien de rappeler qu’en ces temps pas si ancestraux, les femmes avaient une liberté des plus limitées, puisqu’elles étaient contraintes de se marier, afin de sortir du couvent.
C’est exactement ce qui arrive à Héloïse -incarnée par Adèle Haenel donc-, une Bretonne virginale que sa mère a décidé d’offrir en mariage à un riche Milanais. On n’avait jamais connu l’actrice sous des airs si fragiles, elle que l’on a l’habitude de voir dans la peau de femmes fortes, mais ce changement de registre confère à son jeu une dimension encore plus appréciable. Face à elle, une peintre –soit l’ancêtre symbolique de la cinéaste–, qui elle-même se bat à sa façon, pour s’affranchir du carcan patriarcal dans lequel sa condition l’enferme, va l’initier aux joies d’une liberté, aussi éphémère soit-elle. Dans ce rôle, Noémie Merlant (découverte dans La Crème de la Crème et Des lendemains qui chantent) fait preuve d’une justesse parfaite. L’alchimie qui naît entre les deux est palpable dès leurs premières scènes en commun et atteint plusieurs fois des sommets qui rappellent parfois le Persona de Bergman, quintessence de la représentation à l’image de l’amour lesbien.
La sobriété de la mise en scène participe pour beaucoup à l’intensité du feu érotique, qui bout sous la surface des faux-semblants. Le travail effectué par la directrice de la photographie, qui vise à donner à chaque plan l’allure d’une peinture animée, n’est certainement pas pour rien dans la beauté qui se dégage du contenu. Et la splendeur des décors confère à l’ensemble un vrai charme pictural. Mais le plus magnifique du film apparaît dès que les deux femmes s’observent l’une l’autre : le jeu des regards véritablement troublant se suffit alors à lui-même pour rendre leur attirance inavouée –bien que parfaitement attendue, pour le public–. Parmi les séquences les plus marquantes du long métrage, les deux seules fois où Sciamma fait appel à une musique diégétique (une scène au milieu, qui donne justement son titre au film, et le dernier plan) apparaissent comme des apothéoses émotionnelles, telles que l’on en n’avait plus vécu depuis longtemps. Le film bouleverse, et on ne peut s’empêcher de penser que Céline Sciamma a voulu y parler d’elle et de sa propre relation avec sa muse Adèle Haenel. Que les deux continuent à s’inspirer de cette manière, on en redemande !
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