Du 9 au 15 mai 2018 à l’Apollo Ciné 8

A l’Apollo Ciné 8 cette semaine du 9 au 15 mai, au tarif Rochefort sur Toile, Everybody knows d’Asghar Farhadi, l’Ile aux chiens de Wes Anderson et toujours Place publique de Agnès Jaoui, 6€ toutes les séances. Enfin, cette semaine débute le cycle « Portugal ici et là-bas… » avec Menina, en présence de la réalisatrice Cristine Pinheiro ce soir Mercredi 9 mai , à 20h15
Everybody knows
d’Asghar Farhadi
Synopsis
A l’occasion du mariage de sa soeur, Laura revient avec ses enfants dans son village natal au coeur d’un vignoble espagnol. Mais des évènements inattendus viennent bouleverser son séjour et font ressurgir un passé depuis trop longtemps enfoui.
Les séances en version française
Les séances en version originale sous-titrée
Critique
Qu’il soit en Iran, en France, en Espagne, Asghar Farhadi creuse son œuvre de cinéaste du dérèglement intime et du désordre social. Il regarde les hommes tomber et souffrir : une tragédie compassionnelle. Jo Fishley
Le clocher domine un village où Laura (Penélope Cruz) revient avec ses deux enfants, mais sans son mari Alejandro (Ricardo Darin), resté en Argentine, à l’occasion du mariage de l’une de ses sœurs. Elle y retrouve Paco (Javier Bardem), ex-amant, acheteur de la part de la propriété familiale dont Laura avait hérité. Ces interférences entre les transactions amoureuses, juridiques et économiques, qui ont déjà tant servi au cinéaste, sont un temps cachées par l’enthousiasme décontracté avec lequel Farhadi filme une fête familiale en Espagne. Ce pourrait presque être un film de famille chaleureux, avec, en prime, la lumière euphorisante de José Luis Alcaine.
A ceci près que, bien avant que ne s’abatte la catastrophe, Farhadi dispose artistement les embûches qui feront tomber ses personnages. L’excitation des retrouvailles masque à peine la résurgence des rancœurs. A la nuit tombée (la première moitié du film se déroule sur une journée), rien ne va déjà plus, si bien que lorsque l’on apprend qu’Ana (Inma Cuesta) a été enlevée, Farhadi a déjà emmené son film dans le crépuscule des regrets, des remords et des soupçons.
Thomas Sotinel
L’île aux chiens
de Wes Anderson
Synopsis
En raison d’une épidémie de grippe canine, le maire de Megasaki ordonne la mise en quarantaine de tous les chiens de la ville, envoyés sur une île qui devient alors l’Ile aux Chiens. Le jeune Atari, 12 ans, vole un avion et se rend sur l’île pour rechercher son fidèle compagnon, Spots. Aidé par une bande de cinq chiens intrépides et attachants, il découvre une conspiration qui menace la ville.
Les séances en version originale sous-titrée
Critique
Ségrégation, maltraitance, corruption : avec cette fable animalière inventive, le cinéaste américain réussit un film politique haletant et foisonnant. Louis Guichard
Imaginez Les Douze salopards d’Aldrich, incarnés par les canidés tragiques de The Plague Dogues, mais version kawai et en 3D, et mis en relief par les profondeurs de champ d’Akira Kurosawa dans un Japon rétro-futuriste et bilingue. Au lieu de se contenter de recycler son folklore intime, Anderson le met en tension avec celui d’un Japon fantasmé, le fait foisonner en jouant avec humour sur le bilinguisme (et l’incommunicabilité), mais aussi sur les hybridations musicales (pop indé et tambours Taiko) ou les régimes d’image (anime, estampes, théâtre d’ombres). Le Texan branche ainsi l’Occident sur le Soleil Levant, le polar sixties sur le futur pré-apocalyptique, le formol sur le Biactol. L’émotion se cogne à l’abstraction, ne gagne pas à chaque coup certes, mais étincelle il y a, et franchement, elle a de la gueule. Eric Vernay
Place publique
d’Agnès Jaoui
Synopsis
Castro, autrefois star du petit écran, est à présent un animateur sur le déclin. Aujourd’hui, son chauffeur, Manu, le conduit à la pendaison de crémaillère de sa productrice et amie de longue date, Nathalie, qui a emménagé dans une belle maison près de Paris. Hélène, soeur de Nathalie et ex-femme de Castro, est elle aussi invitée. Quand ils étaient jeunes, ils partageaient les mêmes idéaux mais le succès a converti Castro au pragmatisme (ou plutôt au cynisme) tandis qu’Hélène est restée fidèle à ses convictions.
Leur fille, Nina, qui a écrit un livre librement inspiré de la vie de ses parents, se joint à eux.
Alors que Castro assiste, impuissant, à la chute inexorable de son audimat, Hélène tente désespérément d’imposer dans son émission une réfugiée afghane. Pendant ce temps, la fête bat son plein…
Les séances en version française
Critique
« Place publique » est loin d’être une simple caricature d’une bourgeoisie médiatique en soif de visibilité. La psychologie des principaux personnages est intelligemment travaillée pour que chacun ne soit pas cantonné à ses défauts ou à ses qualités, bien au contraire. Certes, le format « film chorale » ne permet pas de retrouver l’infini justesse de ton du « Goût des autres », mais l’ensemble est bien construit et ne souffre d’aucun temps mort.
En effet, outre les bons mots qui font mouche, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri font un subtil état des lieux des rapports humains dans un monde hyper-connecté. Bien écrit, leur scénario prouve que tout n’est pas qu’une question de notoriété. Les sentiments, la peur de vieillir, le manque de reconnaissance finissent toujours par fissurer les carapaces ripolinées que l’on expose sur la place publique. En résulte une comédie efficace et sincère qui elle, mérite largement un joli succès… public. Gaëlle Bouché