Du 13 au 19 mars 2019 à l’Apollo Ciné 8

A l’Apollo Ciné 8 cette semaine du 13 au 19 mars 2019, La Favorite de Yórgos Lánthimos, Grâce à Dieu de François Ozon, Une intime conviction d’Antoine Raimbault et toujours Celle que vous croyez de Safy Nebou, Green Book de Peter Farelly, Minuscule2 d’Hélène Giraud et Thomas Szabo (animation), au tarif Rochefort sur Toile : 6€ toutes les séances
Soirée ciné-rencontre vendredi 15 mars à 20h 15 : Breath, de Simon Baker, en préambule au festival Rochefort Pacifique cinéma et littérature. *** Réservation des places ouverte ***
La Favorite
drame américian, britannique, irlandais de Yorgos Lanthimos (2h)
Synopsis
Début du XVIIIème siècle. L’Angleterre et la France sont en guerre. Toutefois, à la cour, la mode est aux courses de canards et à la dégustation d’ananas. La reine Anne, à la santé fragile et au caractère instable, occupe le trône tandis que son amie Lady Sarah gouverne le pays à sa place. Lorsqu’une nouvelle servante, Abigail Hill, arrive à la cour, Lady Sarah la prend sous son aile, pensant qu’elle pourrait être une alliée. Abigail va y voir l’opportunité de renouer avec ses racines aristocratiques. Alors que les enjeux politiques de la guerre absorbent Sarah, Abigail quant à elle parvient à gagner la confiance de la reine et devient sa nouvelle confidente. Cette amitié naissante donne à la jeune femme l’occasion de satisfaire ses ambitions, et elle ne laissera ni homme, ni femme, ni politique, ni même un lapin se mettre en travers de son chemin.
Critiques
Si bien des habitudes de Lanthimos ont changé concernant la fabrication de ce nouveau long-métrage, La Favorite conserve sa patte barrée. En s’attelant à un biopic historique, en revenant sur le règne compliqué de la reine Anne d’Angleterre et les jeux de pouvoirs entre ses deux favorites Abigail et Sarah, on pouvait craindre que le cinéaste soit enfermé dans un carcan qui limiterait son excentricité légendaire.
Au contraire, ce biopic est un terrain de jeu jubilatoire pour le Grec. Lors d’une interview à EW, il avait expliqué que « certaines choses dans le film étaient exactes et beaucoup d’autres étaient totalement fictionnelles. » Par conséquent, si son film respecte les grandes lignes de l’Histoire de cette reine dépassée et de la rivalité entre Abigail et Sarah, il s’amuse à l’agrémenter de quelques incertitudes historiques.
L’occasion parfaite pour lui de créer un superbe et jouissif jeu de manipulation sexuel, parfaitement écrit. Dans la Favorite, la perversité de l’une ne cache que celle plus sordide de l’autre, et amène à des situations des plus ubuesques, et à des confrontations réjouissantes. Le film met un peu de temps à trouver son rythme, Lanthimos s’attardant sans doute un peu trop sur sa mise en scène au style Kubrickien frisant le tape-à-l’oeil. Cependant, dès que les affaires sont lancées, les enjeux présentés et les personnages bien installés, le film devient passionnant.
Les dialogues sont ciselés, les décors et costumes absolument fabuleux, la musique terriblement anxiogène, la photographie de Robbie Ryan splendide, et les multiples saillies comiques à l’humour noir, ravageuses. A l’image des dernières réalisations du cinéaste, le film se transforme alors en un fabuleux délire grotesque (le bouffon aux fruits), anachronique (cette scène de danse), cruel, voyeur et vénéneux dans lequel on se plaît à naviguer.
Scénaristiquement, la Favorite est donc un fabuleux jeu de domination, se plaisant à recontextualiser l’affrontement politique entre les Whig et Tories de l’époque, au coeur d’un superbe trip loufoque et déluré. L’oeuvre de Lanthimos est cela dit bien plus que ça.
Avant tout, le long-métrage est surtout un pamphlet féministe. Il brosse habilement et avec délectaction le portrait de trois femmes tirant les ficelles du pouvoir au nez et à la barbe de la gente masculine. Les personnages masculins principaux incarnés par Nicholas Hoult et Joe Alwyn, s’ils présentent quelques intérêts, sont relégués à des figures secondaires, sorte de marionnettes qui doivent se conformer aux mouvements du trio féminin.’est ce dernier qui fait évidemment la grande force du récit raconté. La compétition machiavélique qui se joue entre Abigail et Sarah permet à Emma Stone et Rachel Weisz de livrer deux prestations inoubliables, où les sourires de façades ne cachent qu’une haîne grandissante, et leur avidité de pouvoir. Et si les deux femmes nous font sourires par leur cynisme, Olivia Colman en reine Anne reste sans doute la plus délirante. Qu’elle se goinfre de gâteaux tout en les vomissant, crie désespérement sur un jeune servant ou simule un malaise, l’actrice vue dans Broadchurch et Tyrannosaur est incroyable dans la peau de cette reine dépassée par le chagrin, affaiblie par la maladie et embourbée dans les manipulations sexuelles de ses favorites.
Ainsi, La Favorite est une oeuvre féministe mordante et jouissive où le sens de l’absurde de Lanthimos se perpétue, tout en étant plus accessible. Là où Canine et Alps étaient des oeuvres un peu trop perchées, The Lobster trop allégorique et Mise à mort du cerf trop clinique, ce dernier long-métrage pourrait bien permettre à Lanthimos de se faire un nom auprès du grand public. Il était temps ! Ecran Large
Grâce à Dieu
drame franco-belge de François Ozon (2h17)

Critiques
La famille catholique et lyonnaise d’Alexandre (Melvil Poupaud) ressemble de loin aux clans bourgeois que l’auteur aimait naguère à mettre en pièces. Il filme pourtant sans ironie cette existence réglée, un peu désuète. Elle n’est pas menacée par la mémoire ravivée des agressions dont Alexandre a été victime ni par les manœuvres du diocèse pour éviter que le père de famille ne fasse éclater le scandale au grand jour.
Le désordre, on le trouve plutôt chez François (Denis Ménochet), qui a refoulé le souvenir des agressions jusqu’à ce que le séisme déclenché par les démarches d’Alexandre ne finisse par secouer les fondations de son existence. Furieux, caustique, il peine à ajuster sa colère aux nécessités des procédures. Emmanuel (Swann Arlaud), la dernière figure de ce triptyque, est sans doute la plus proche des univers habituels de François Ozon. Laissé à la dérive par les blessures reçues pendant son enfance, il attend de la lutte du collectif créé par Alexandre et François qu’elle l’aide à se reconstruire.
Cette structure s’impose à la vision du film, sans en faire une démonstration. François Ozon l’insère dans une collectivité qui s’enrichit sans cesse de parents (Josiane Balasko est discrètement bouleversante dans le rôle de la mère d’Emmanuel), d’amis, mais aussi de « perpétrateurs ». La figure du père Preynat hante le film. On le voit silencieux dans les quelques flash-back qui mettent en scène les agressions dans une lumière estivale. Bernard Verley en fait un être désorienté par le retrait du soutien de l’Eglise, livré à lui-même.
Montrant la contagion de l’action collective (et ses limites, dans une belle séquence à la fin du film), traitant sèchement, sans cruauté inutile, de l’incompréhension si peu charitable de la hiérarchie catholique, qui trouve son essence dans la phrase qui donne son titre au film (« la majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits »), prononcée par le cardinal Barbarin (François Marthouret), François Ozon réussit, en plus de la chronique sensible d’un drame collectif, un film politique. Thomas Sotinel, Le Monde
Une intime conviction
film français d’Antoine Raimbault (1h50)
Depuis que Nora a assisté au procès de Jacques Viguier, accusé du meurtre de sa femme, elle est persuadée de son innocence. Craignant une erreur judiciaire, elle convainc un ténor du barreau de le défendre pour son second procès, en appel. Ensemble, ils vont mener un combat acharné contre l’injustice. Mais alors que l’étau se resserre autour de celui que tous accusent, la quête de vérité de Nora vire à l’obsession.

Critiques
Eric Dupond-Moretti fait partie de ces avocats internationalement admirés, qui deviennent une véritable référence dans leur métier : mais ce qui caractérise Dupond-Moretti, au-delà de sa connaissance parfaite du Droit et de ses analyses créatives mais rigoureuses, c’est son utilisation brillante – et implacable – de la présomption d’innocence, pierre de touche de la Justice… souvent malmenée dans les faits. La grande intelligence du film remarquable d’Antoine Raimbault, ce n’est pas seulement de confier le rôle de Dupond-Moretti au génial Olivier Gourmet, qui ajoute ici un nouveau personnage inoubliable à son extraordinaire filmographie, mais aussi de faire de « Une Intime Conviction » une démonstration parfaite de la force de ce principe… quitte à tendre au spectateur, qui ne s’y attend pas forcément, un piège particulièrement malin.
Ce piège prend la forme du seul personnage de fiction de ce film – consacré au Procès d’Assises de la célèbre affaire Viguier, avec son coupable parfait, haïssable et cloué au pilori par la rumeur et par la presse : solidement incarnée par Marina Foïs, Nora porte cette fameuse « intime conviction », qui va la conduire à une plongée de plus en plus radicale, puis autodestructrice, dans le fameux procès. La conviction du personnage, la manière obstinée dont elle travaille sur les enregistrements téléphoniques mis pour la première fois à la disposition de la défense de Viguier, vont naturellement conduire le spectateur, emporté par l’énergie du film, narré et monté « à l’américaine » (c’est d’ailleurs le seul reproche objectif qu’on puisse lui faire…), à s’identifier à elle et à adhérer à ses croyances, à vouloir forcément trouver le « coupable », comme dans « un roman policier » (c’est d’ailleurs le commentaire ironique que lui fait Dupont-Moretti). Souhaitant de toutes ces forces assister à un thriller jouissif, construit sur la découverte d’indices nouveaux, sur des coups de théâtre tonitruants, etc. etc., le spectateur s’éloigne de plus en plus lui aussi des principes de la véritable Justice : comme le dit magistralement Dupond-Moretti dans sa plaidoirie finale, sommet logique du film, nous voulons « juger, pas rendre la Justice ». Et comme Nora qui assiste interloquée à la démonstration de l’impasse dans laquelle elle s’est fourvoyée, nous nous réveillons avec la gueule de bois : nous ne saurons pas la Vérité – sans doute ne la saurons-nous jamais -, mais Justice aura été rendue.
Le thriller palpitant qui nous a cloué sur nos sièges, le film de procès emblématique qui nous a enthousiasmé (et en particulier cette terrible scène de l’audition de la baby-sitter…), tout cela n’était que faux-semblants. Des baudruches qui se dégonflent lamentablement… Mais nous avons compris, un peu mieux au moins, ce qu’est la Justice. Merci à Eric Dupond-Moretti de la défendre aussi bien. Merci à Gourmet, Foïs et Raimbault d’avoir fait un film aussi intelligent sur un sujet aussi… théorique, mais fondamental. Eric Pokespagne sur Sens Critique
Le réalisateur s’inspire de faits réels — la disparition de Suzanne Viguier et le deuxième procès, en 2010, de son époux, défendu par Eric Dupond-Moretti —, mais ajoute un beau personnage inventé : Nora, jurée lors du procès en appel, animée d’une intime conviction si puissante qu’elle s’impose au défenseur pour l’aider sur le dossier, de jour comme de nuit, sacrifiant sa propre vie. Une sorte d’Erin Brockovich sans sourire.
Au-delà des scènes de tribunal, immersives et fidèles à la procédure judiciaire française (pas d’« objection votre honneur ! » à l’américaine), le film captive en s’attachant à la quête de vérité compulsive de cette justicière ordinaire, avec une mise en scène toute en pulsations nerveuses. Qui, de Marina Foïs, proche de la transe, ou d’Olivier Gourmet, royal dans la robe du célèbre avocat, est le plus impressionnant ? Verdict impossible. Guillemette Odicino, Télérama
Celle que vous croyez
Drame français de Safy Nebou (1h41)
Synopsis
Pour épier son amant Ludo, Claire Millaud, 50 ans, crée un faux profil sur les réseaux sociaux et devient Clara une magnifique jeune femme de 24 ans. Alex, l’ami de Ludo, est immédiatement séduit. Claire, prisonnière de son avatar, tombe éperdument amoureuse de lui. Si tout se joue dans le virtuel, les sentiments sont bien réels. Une histoire vertigineuse où réalité et mensonge se confondent.

Critiques
Plus que la toxicité des réseaux sociaux où tout peut s’inventer, c’est bien le mensonge, aux autres et à soi, qui est décortiqué dans ce thriller romanesque et singulier. Face à François Civil, parfait en romantique moderne, Juliette Binoche a rarement été aussi fascinante : égarée ou sensuelle, elle fait fusionner Claire et Clara dans son apparence même, comme si l’amour la rajeunissait. Une nouvelle Mme de Merteuil pour ces liaisons dangereuses virtuelles. Guillemette Odicino, Télérama
Minuscule 2 – Les Mandibules du Bout du Monde
Film d’animation de Thomas Szabo et Hélène Giraud (1h32)
Synopsis
Quand tombent les premières neiges dans la vallée, il est urgent de préparer ses réserves pour l’hiver. Hélas, durant l’opération, une petite coccinelle se retrouve piégée dans un carton… à destination des Caraïbes !
Une seule solution : reformer l’équipe de choc ! La coccinelle, la fourmi et l’araignée reprennent du service à l’autre bout du monde. Nouveau monde, nouvelles rencontres, nouveaux dangers… Les secours arriveront-ils à temps ?
Critiques
Entièrement français, ce second opus est encore plus réussi que le précédent. Une poésie et une invention à couper le souffle – Délocalisé dans la jungle et sur les plages de Guadeloupe après un prologue dans le parc du Mercantour, en écho au premier épisode qui s’y déroulait en intégralité, le film repose sur une belle histoire de solidarité entre insectes pour retrouver la coccinelle perdue. D’où des scènes tantôt comiques (les courses-poursuites), tantôt dramatiques (la cérémonie funéraire), et toujours d’une poésie et d’une invention à couper le souffle. Le message écologique sur les dégâts causés par l’avidité des hommes ne prend jamais le pas sur le récit. Les affrontements épiques entre les fourmis rouges et noires du premier épisode s’inspiraient ouvertement du Seigneur des anneaux et des codes du western. Cette fois, les aventures tropicales de la coccinelle citent Fitzcarraldo ou l’Homme de Rio. Avec ces allers-retours constants entre ancien et moderne, le cartoon à la française atteint la perfection. Télérama
Une odyssée inventive et drôle – Dans Minuscule, la Vallée des fourmis perdues (long-métrage sorti en 2014), deux bandes rivales de fourmis se crêpaient férocement le chignon pour une boîte de sucre. Une guerre filmée à hauteur d’herbe et de racines, l’œil rivé au sol, à la façon des documentaires animaliers. En entreprenant le voyage vers les Caraïbes, Minuscule 2. Les Mandibules du bout du monde prend de la hauteur et emprunte une autre voie, celle du récit d’aventure. Les deux auteurs, Thomas Szabo et Hélène Giraud, l’ont voulu ainsi, soucieux avant tout de se renouveler, plutôt que de se reposer sur leurs lauriers et le César qui, en 2015, avait couronné leur premier film d’animation.
Trois personnages – la coccinelle, la fourmi et l’araignée – se retrouvent dans les deux films. Au même titre que la drôlerie, la magnificence des paysages, l’inventivité du récit, de l’image et des bruitages. Demeure également le procédé cinématographique qui consiste à tourner en décors réels et à y intégrer, ensuite, les insectes filmés en images de synthèse. Ce lien assure une continuité que le cadre ouvre, cependant, à d’autres horizons et à un champ plus large des possibles.
Le dépaysement bouscule les petits héros du film. Il semble aussi avoir créé chez les auteurs une véritable jubilation
Car en les entraînant dans les airs, sur les mers, dans le ventre d’un requin ou dans des grottes, Minuscule 2. Les Mandibules du bout du monde expose ses bestioles à un autre bestiaire et à de nouvelles péripéties. Le dépaysement bouscule les petits héros du film. Il semble aussi avoir créé chez les auteurs une véritable jubilation, si l’on en juge par le nombre de pistes qu’emprunte le récit, à la fois conte fantastique, odyssée et fable écologique. Et la liberté de mouvement que s’autorise la mise en scène, plus ample et plus fluide que dans le premier volet.
L’histoire n’évite pas toujours les digressions trop longues qui en font parfois perdre un peu le cap. Qu’importe. Les bébêtes retombent toujours sur leurs pattes. La magie qui s’opère dans cette rencontre de l’infiniment grand et de l’infiniment petit reste intacte. Et, dans ce virage qui l’emmène sous les tropiques, la saga produite par la société française Futurikon continue d’enchanter.
LE MONDEGreen Book
Drame-Biopic américain de Peter Farrelly (2h10)
En 1962, alors que règne la ségrégation, Tony Lip, un videur italo-américain du Bronx, est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley, un pianiste noir de renommée mondiale, lors d’une tournée de concerts. Durant leur périple de Manhattan jusqu’au Sud profond, ils s’appuient sur le Green Book pour dénicher les établissements accueillant les personnes de couleur, où l’on ne refusera pas de servir Shirley et où il ne sera ni humilié ni maltraité.
Dans un pays où le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre, les deux hommes vont être confrontés au pire de l’âme humaine, dont ils se guérissent grâce à leur générosité et leur humour. Ensemble, ils vont devoir dépasser leurs préjugés, oublier ce qu’ils considéraient comme des différences insurmontables, pour découvrir leur humanité commune.

Extraits de la critique de Sarah Ugolini, Le Quotidien du Cinéma
Le road trip de ce duo saugrenu qui quitte New York pour vivre l’aventure sur les routes du sud est donc le postulat de départ du film, dont le titre « Green Book » fait référence au guide utilisé par les automobilistes noirs pour les guider en voyage. Il comprenait notamment les hôtels, restaurants et autres établissements réservés aux Afro-Américains.
Au cœur de ce road movie, le duo comique formé par ce dandy confronté à un ours mal léché donne lieu à des répliques bien senties hilarantes, tant le contraste de leurs tempéraments est grand. Dr Shirley est un esthète dont la rigueur frôle parfois la rigidité, alors que Tony est une caricature d’exhubérance et de volubilité italienne qui jure, fume et mange (souvent les deux à la fois) avec un manque de finesse et de subtilité flagrants.
Leur confrontation donne lieu à des comiques de situation irrésistibles. Je fais notamment référence au moment de la dégustation du poulet frit qui est d’une drôlerie savoureuse pour le spectateur. Peu à peu la joie de vivre communicative de Tony va adoucir l’aspect hautain et autoritaire de Don, qui cache en réalité un mal-être et une profonde solitude.
En retour, l’intelligence et la culture du pianiste vont affiner les goûts de Tony en l’éveillant à la beauté de la musique classique. À son contact, il va s’élever et voir peu à peu disparaître les préjugés raciaux ancrés en lui durant des années par un mélange de clichés et d’ignorance. Une évolution du personnage incarnée par un Viggo Mortensen prodigieux de justesse, qui alterne subtilement humour et émotion.
L’hypocrisie de la ségrégation est mis en exergue par la situation sociale ambivalente de Don Shirley. Bien que riche et célébré en tant qu’artiste, il reste interdit de restaurants et d’hôtels prestigieux et est même privé de l’utilisation des toilettes chez les hôtes blancs chez lesquels il est invité à se représenter ! Un paradoxe qui trouve son paroxysme dans une phrase prononcée par un Don Shirley plein de colère et de douleur : « Donc si je ne suis pas assez noir et si je ne suis pas assez blanc, alors dis-moi Tony, je suis quoi ? »
Autant de manifestations insidieuses de la suprématie blanche qui règne alors en Amérique qui poussent les spectateurs à réfléchir, tant elles font écho à la hausse des crimes liés à la haine raciale dans les États-Unis de Donald Trump.
Viggo Mortensen est nommé pour le Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie. Une nomination plus que méritée pour cet acteur de génie qui prouve une nouvelle fois son talent de caméléon.
Mahershala Ali, oscarisé l’année dernière pour son rôle de trafiquant de drogue au grand cœur dans « Moonlight », est quant à lui nommé pour le Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle. Une distinction entre les deux acteurs que l’on peut presque regretter tant la magie du film repose sur leur duo et leurs deux interprétations magistrales.
Après des comédies déjantées à l’humour potache, voire graveleux, telles que « Dumb et Dumber » ou « Mary à tout prix », Peter Farelly fait de ce premier film en solo une ode bienveillante à la tolérance pleine d’humour et de dérision. À la fin de ce road movie, Oleg, un musicien de Don Shirley, affirme avec fierté pour son ami pianiste : « Le génie n’est pas suffisant, il faut du courage pour changer le cœur des gens.
L’Express par Antoine Le Fur
Pourtant, loin d’être moralisateur, « Green Book » est un film bourré d’humour, dont les joutes verbales entre les deux personnages promettent de faire le bonheur des cinéphiles […]. Si le film fonctionne si bien, c’est sans doute dû à l’alchimie régnant entre ses deux comédiens à forts potentiels oscarisables, Viggo Mortensen et Mahershala Ali.
Mathias the Watcher sur Sens Critique
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