Du 15 au 21 janvier 2020 à l’Apollo Ciné 8

A l’Apollo Ciné 8 cette semaine, du 15 au 21 janvier 2020, 1917 de Sam Mendes, Les filles du docteur March de Greta Gerwig, Un monde plus grand de Fabienne Berthaud et toujours La Vérité d’Hirokazu Kore-Eda au tarif Rochefort sur Toile : 6€ toutes les séances.
L’équipe de Rochefort sur Toile vous souhaite une bonne et heureuse année 2020 et vous donne rendez-vous :
mercredi 22 janvier => à 19h Apéro-ciné (à la Terrasse Colbert)
vendredi 24 janvier => à 20h15 Soirée rencontre avec Damina Poitou pour le film: Atlantique de Mati Diop et
mardi 11 février => à 18h Assemblée générale Rochefort sur Toile, suivie de la projection du film « et la femme créa Hollywood »
1917
Drame/guerre américano-britannique réalisé par Sam Mendes (1h59)
Synopsis
Pris dans la tourmente de la Première Guerre Mondiale, Schofield et Blake, deux jeunes soldats britanniques, se voient assigner une mission à proprement parler impossible. Porteurs d’un message qui pourrait empêcher une attaque dévastatrice et la mort de centaines de soldats, dont le frère de Blake, ils se lancent dans une véritable course contre la montre, derrière les lignes ennemies.
Séances en Version Française (VF) | ||||||
Me.15 | Je.16 | Ve.17 | Sa.18 | Di.19 | Lu.20 | Ma.21 |
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13h30 | 13h30 | 13h30 | 15h35 | 10h50 | 13h30 | 13h30 |
15h35 | 15h35 | 15h35 | 20h00 | 15h35 | 15h35 | 15h35 |
20h00 | 20h05 | 20h00 | 22h25 | 20h00 | 20h05 | 20h05 |
22h25 |
Critique
Certes, en 2015, le plan-séquence n’était déjà plus une pratique récente, et encore moins révolutionnaire. Mais utilisée fréquemment pour une scène ou pour un plan fixe, cette technique n’avait encore jamais été employée sur un film entier. Apparu dans les années 1920, le plan-séquence revient à la mode ces dernières années, aussi bien au cinéma qu’à la télévision, au point que le spectateur attentif pourra se sentir agacé de voir une technique se développer, parfois au détriment d’un scénario prévisible ou déjà-vu. En ayant accès à tout, le spectateur d’aujourd’hui ne peut que se montrer critique face à des techniques comme le plan-séquence ou la 3D, qui servent parfois à combler les faiblesses du fond par la forme, tout en n’étant en aucun cas une plus-value pour un film, à propos duquel ce genre de technique est souvent qualifiée d’inutile.
1917 suit donc deux simples soldats, dont la mission résume toutes les horreurs auxquelles les Poilus ont été confrontés. Des ennemis partout, des hauts gradés belliqueux, des tranchées infestées de rats, la faim, l’humidité, le froid… Les deux protagonistes principaux, décidés à participer au conflit sans faillir, mais en restant à leur place, vont devoir obéir et passer en territoire ennemi, afin de délivrer un message vital et ainsi sauver 1600 soldats d’une mort certaine. Alors que le piège risque de se refermer sur cet escadron, le duo se lance dans une course effrénée contre le temps.
Parce que la caméra ne les lâche jamais, les suivant tout au long de leur dangereux périple, le spectateur pourra comprendre, minute par minute, tout l’intérêt du choix de Sam Mendes : s’il est vrai que les horreurs de la guerre ne s’arrêtent jamais, alors la caméra ne le doit pas davantage.
Entouré de spécialistes militaires pour les costumes, les décors et la préparation des acteurs, le réalisateur s’amuse donc à reproduire une technique qu’il avait déjà appréhendée avec brio dans la scène d’ouverture de Spectre.
En poussant de toute évidence son équipe dans ses retranchements, il en tire le meilleur. Difficile en effet de reconnaître le jeune roi Tommen de la série Game of Thrones dans la figure du soldat investi interprété par Dean-Charles Chapman. De même, et alors que sa filmographie reste assez confidentielle, George MacKay livre une performance remarquable et habitée. Injustement oublié dans la course aux Golden Globes qui a récompensé 1917 et son réalisateur lors de la cérémonie du 5 janvier 2020, l’acteur porte le film sur ses épaules et méritait, à défaut d’une statue ou d’une récompense, au moins une statuette.
Les filles du docteur March
Drame américain de Greta Gerwig (2h27)
Synopsis
Une nouvelle adaptation des « Quatre filles du Docteur March » qui s’inspire à la fois du grand classique de la littérature et des écrits de Louisa May Alcott. Relecture personnelle du livre, Les filles du Docteur March est un film à la fois atemporel et actuel où Jo March, alter ego fictif de l’auteur, repense à sa vie.
Séances en Version Française (VF) | ||||||
Me.15 | Je.16 | Ve.17 | Sa.18 | Di.19 | Lu.20 | Ma.21 |
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15h30 | 15h30 | 15h30 | 15h30 | 10h45 | 15h30 | 15h30 |
19h45 | 19h45 | 16h00 | 19h45 | |||
Séances en Version Originale (VO) | ||||||
Me.15 | Je.16 | Ve.17 | Sa.18 | Di.19 | Lu.20 | Ma.21 |
19h45 | 19h45 | 19h45 | 19h45 |
ce qu’en pense Ophélie Daguin pour ELLE : un film inspirant à voir absolument
La condition féminine au 19e siècle dans la littérature (vous avez quatre heures), voilà un sujet que l’on pourrait trouver épineux voire complexe. Pour Greta Gerwig, il n’en est rien. Ce n’est pas la première fois que le roman « Les Quatre Filles du Docteur March », de Louisa May Alcott, se voit porté sur grand écran – certain.e.s d’entre nous se souviendront peut-être du film de Gillian Armstrong avec Winona Ryder et Kristen Dunst (1994). Mais grâce à cette nouvelle adaptation, signée Greta Gerwig, l’histoire semble avoir une toute autre saveur. Le quatuor aux personnalités bien différentes, la maisonnée remplie d’amour et de générosité, le Noël au coin du feu, la maladie de la jeune Beth, les chamailleries et rivalités fraternelles : tous les ingrédients sont là. Mais bien loin d’être la simple histoire d’une famille un peu mièvre, durant la guerre de Sécession, Les Filles du Docteur March raconte avec sincérité et passion comment des jeunes femmes prennent leurs destins en main tout en se moquant des qu’en-dira-t-on. Jo – brillamment interprétée par Saoire Ronan – se bat avec ardeur pour devenir une auteure reconnue dans un monde patriarcal et refuse de se marier. Meg (Emma Watson) souhaite mener la vie simple dont elle a toujours rêvée. Amy (Florence Pugh), elle, tente de devenir une grande artiste grâce au talent dont elle est dotée.
Un film moderne et féministe.
Vous l’aurez compris, la réalisatrice mise sur des personnages féminins forts, aux caractères bien trempés, que l’on se plaît à (re)découvrir pendant près de deux heures. Pour ce qui est des rôles masculins interprétés par Timothée Chalamet (Laurie) et Louis Garel (Friedrich), ils sont élégamment relégués au second plan pour laisser éclore et briller l’existence de ces femmes en devenir. Véritable ode à l’empowerment féminin, cette adaptation moderne sait également nous faire verser quelques larmes (et à plusieurs reprises). Les dialogues sont justes, le casting étoilé, les costumes minutieux et l’histoire touchante. Ce film a décidément tout bon. Alors, allez voir « Les Filles du Docteur March » et vous comprendrez pourquoi il se veut l’un des films les plus attendus de l’année 2020. A savourer.
Un monde plus grand
Drame franco belge de Fabienne Berthaud (1h40)
Synopsis
Séances en Version Française (VF) | ||||||
Me.15 | Je.16 | Ve.17 | Sa.18 | Di.19 | Lu.20 | Ma.21 |
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18h00 | 18h00 | 13h30 | 18h00 | 11h00 | 18h00 | 18h00 |
18h00 | 20h20 | 18h00 | 20h20 | |||
22h30 | 22h30 |
La critique de Première par Thierry Chèze
La Vérité
Drame franco japonais de Hirokazu Kore-Eda (1h47)
Premier film étranger de Hirokazu Kore-eda qui a remporté la Palme d’or au festival de Cannes en 2018.
Synopsis
Fabienne, icône du cinéma, est la mère de Lumir, scénariste à New York. La publication des mémoires de cette grande actrice incite Lumir et sa famille à revenir dans la maison de son enfance. Mais les retrouvailles vont vite tourner à la confrontation : vérités cachées, rancunes inavouées, amours impossibles se révèlent sous le regard médusé des hommes. Fabienne est en plein tournage d’un film de science-fiction où elle incarne la fille âgée d’une mère éternellement jeune. Réalité et fiction se confondent obligeant mère et fille à se retrouver…
Séances en Version Française (VF) | ||||||
Me.15 | Je.16 | Ve.17 | Sa.18 | Di.19 | Lu.20 | Ma.21 |
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15h40 | 15h40 | 15h40 | 15h40 |
La critique de Louis Guichard, Télérama
Un Japonais à Paris. Sans parler un mot de français, Hirokazu Kore-eda, fort de la Palme d’or et du succès international d’Une affaire de famille (2018), s’est vu proposer de tourner un film ici. Avec Catherine Deneuve, s’il vous plaît. Il en a écrit seul le scénario, a mené le tournage et le montage en osmose avec sa traductrice. Le résultat surprend, séduit, saisit, mélange fluide de cultures, où une belle maison de Montparnasse évoque une demeure traditionnelle du Japon, fantômes compris. À l’inverse d’autres réalisateurs étrangers invités à travailler en France, l’auteur de Still Walking et de Tel père, tel fils conserve sa personnalité une fois délocalisé. Il demeure un observateur subtil et malicieux des liens familiaux : mère-fille, en l’occurrence. Il réussit un film français, mais traversé par une ironie, une irrévérence venue d’ailleurs.
Et d’abord à l’égard de son actrice-monument. Catherine Deneuve joue Fabienne, une star du septième art puissante, toujours active, le verbe assassin, ouvrant le film à un jeu constant entre réalité et fiction. Plus que bien des Français, Kore-eda ose s’aventurer loin dans les références à la biographie de Catherine D., dont on croit parfois reconnaître, au détour d’une scène ou d’une allusion, la sœur disparue, la fille, un ancien metteur en scène… Tout est vrai et tout est faux, évidemment. La vérité, c’est l’illusion. Deneuve est la complice de cette mystification authentique, de cette malicieuse démythification. Elle y gagne un rôle-somme somptueux, où s’illustrent tous ses registres, de la mélancolie à l’extrême fantaisie, avec toujours cette note de subversion détachée qui reste sa signature. Ainsi, à l’évocation, par un chauffeur de taxi, de Brigitte Bardot (qui tourna elle aussi un film intitulé La Vérité), Fabienne esquisse une moue sceptique — au mieux.
La diva publie ses Mémoires, truffés de savoureux mensonges qui la mettent en valeur. À cette occasion, elle reçoit sa fille (Juliette Binoche, sobre et juste), devenue scénariste aux États-Unis, avec compagnon et enfant. La jeune femme a grandi dans l’ombre de sa mère illustre, accumulé blessures et rancunes avant de s’émanciper : les retrouvailles s’avèrent houleuses. Mais, en virtuose de la composition, Kore-eda leur superpose un autre face-à-face mère-fille, beaucoup plus virtuel : Fabienne tourne, ces jours-là, un film de science-fiction où elle joue l’enfant d’une femme immortelle qui, donc, ne change pas et semble de la génération suivante — trouvaille fructueuse. Les répliques de ce film dans le film, cruelles, portent sur la jeunesse éternelle de l’une et sur le vieillissement de l’autre, pourtant née après. Ce travail de cinéma est filmé comme un supplice nécessaire pour la vedette insubmersible, une violence qui est aussi une affirmation courageuse de son âge et de son talent. Un matin de tournage, après plusieurs prises insatisfaisantes, dans une atmosphère tendue, la star finit par s’effondrer et perdre connaissance. Stupeur pour l’équipe et aussi pour nous, spectateurs de La Vérité… Mais bien sûr, la grande actrice se relèvera.