Un livre sur le cinéma « VOIR PLUS LOIN »

Un livre sur les salles de cinéma qu’une de nos membres (Pascale), vous conseille :
« Voir plus loin » d’Esther KINSKY
(traduit de l’allemand par Cécile Wajsbrot) – Christian Bourgois Editeur (2024)
- Dans une petite localité au sud-est de la Hongrie, désertée par une partie de sa population, une voyageuse est frappée par la mélancolie qui émane du lieu. Plus encore, elle est fascinée par le «Mozi», l’ancienne salle de cinéma qui fut jadis au centre de la vie collective, l’endroit vers lequel les rêves des habitants convergeaient du temps du Rideau de fer, lorsque nul autre voyage n’était possible. La passionnée de cinéma se met alors en tête de le réhabiliter.
EXTRAIT :
« La magie du cinéma tient pour une part au fait que, le temps d’un film, celui-ci intervient dans la continuité du temps. Le cinéma isole, entoure, exclut ce qui ne se déroule pas à la surface de l’écran et crée, au sein de ses quatre murs, un monde qui suit d’autres règles que celles en cours à l’extérieur. L’écran déroule un temps qui vaut pour la durée du film.
Cette création d’un espace à part avec ses règles propres définit le cinéma en le différenciant des autres arts et manières de regarder un film. La distance à surmonter pour arriver au cinéma est une part de l’expérience d’une suspension provisoire des lois de l’espace et du temps, un pas que l’on fait pour s’abandonner à un autre espace, singulier, et pour s’y intégrer.
Si on oublie qu’une pellicule de celluloïd transmet une autre expérience de la lumière, de l’espace, de la couleur et de la matérialité qu’une copie numérisée ou une vidéo, le film sur un écran chez soi est le même qu’au cinéma en ce qui concerne l’action, les personnages, la narration – pourtant sans l’isolement, sans avoir surmonté la distance entre l’environnement familier de la maison et le cinéma, sans l’entrée consciente dans un espace soumis à d’autres règles, sans la stimulation d’un écart entre l’œil et la surface de projection, cette expérience est fondamentalement autre.
Le cinéma propose un enchevêtrement du temps, une irruption de la quatrième dimension. Le cinéma en tant que boîte noire représente une formidable capsule temporelle qui s’oppose, pendant le film, à la course des secondes, des minutes et des heures, qui les remet tranquillement en question. Aller au cinéma dilate le temps et le monde, le cinéma reste un endroit magique. »